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mardi 10 septembre 2019

Est-ce l'automne qui frissonne





Est-ce l'automne qui frissonne ?




Tu attends des semaines
sans que les mots ne viennent
Ils restent muets s'enfuient à ton approche
Et pourtant tu regardes tu écoutes tu absorbes le monde
Rien. Tu te sens désertée comme terre stérile


Est-ce l'automne qui frissonne sur ta peau
qui résonne en ton cœur  __  Soudain
ils se bousculent sous ta plume
Ils arrivent en vagues et tu te souviens
Les ressacs sur le sable sur les dunes contre les rochers


Ce matin c'est l'ouverture de la chasse
Tu as la plume clouée net et ton cœur se hérisse
Vite réagir avant que la colère n'étouffe tes mots !
 Ce serait oublier notre belle et tendre complicité
Et tu sais quoi  __  Elle est là !


Quelques nuages encore indécis quant à la couleur
Les terres labourées offrent l'ocre brun
Les marguerites jaunes autant de soleils d'automne
Je m'en nourris le cœur et l'âme
Et te les offre en bouquet de tendresse.


© fruban

le 17 septembre 2017
recueil en cours

Tous droits réservés





Au-delà des ténèbres





Au-delà des ténèbres

Ne pas parler de poésie
En écrasant les fleurs sauvages
Barbara
(Perlimpinpin)




N'offre pas ton cœur à qui le jette aux corbeaux

Novembre noir malgré ses dernières flamboyances
De commémorations en hommages officiels
Je ne vois que massacres que barbarie
Ceux de la Grande Guerre la fleur au fusil
partaient fiers et ce fut la boucherie


Je te vois
au profond de mon regard
de mes émotions de mes pensées et surtout
dans la chaleur de mon cœur

La Vie est là devant moi
Elle m'apparaît à travers toi
Je te la fais partager en secret
même si tu es loin de mes pas

Absence plus présente que certaines présences


Après Charlie nous eûmes le Bataclan
Les fous de dieu fauchent nos plus jeunes vies
Et ce n'est pas le sang impur de la Marseillaise
Qui ravivera la flamme des soldats inconnus

Partout des fleurs parfois artificielles
Jonchent les rues les tombes les monuments aux morts
Et moi je m'enfuis crosse en l'air
Douleur et cœur en bandoulière

A jamais ils dorment là-bas d'où nul ne revient


Le ciel gris le ciel bleu le soleil la pluie
Je les vois avec nos yeux
J'écoute les bruits la musique
Je me demande / aimeras-tu /
Je te ferai écouter

Tu existes et je t'aime



Me restent gravées des images


Le Chat dans ses bras
l'homme caresse et s'apaise
 la Nuit les emporte



© fruban
18 novembre 2017


Quelle promenade de nuit
avec ton absence à côté de moi !

Pedro Salinas
in, La voix qui t'est due
traduction Bernard Sesé


jeudi 4 juillet 2019

Sous les étoiles, Olav H Hauge




Sous les étoiles

Qu'est-ce qui m'a poussé à aller dehors
sous le ciel inhospitalier de l'aube ?
Les étoiles bleues, obstinées,
que veulent-elles ?

Les montagnes n'ont rien à promettre,
et s'écartent seulement,
laissant le fjord à sa plénitude
et les torrents se jeter en lui.
Les montagnes restent là,
insensibles et dures sous la neige.

Mais les pentes boisées,
les pentes boisées
se sont jetées face contre terre,
mettant à nu leur misère sous les étoiles.

C'est ma peine,
c'est ma souffrance, écorchées et vives,
qui sont là, étendues,
noires comme le fer et sanglantes,
mais jurant par tous les dieux
d'à nouveau verdir et chanter.

Olav H.Hauge
Nord profond
éd.Bleu autour
p.103


mardi 2 juillet 2019

Volga



Volga


Tu réclames le soleil glacé
en ces jours de mars
Comment te retenir
Je t'observe depuis quelques jours
Tes poils se sont terni
Tes yeux tristes se creusent
Toi dont on riait des rondeurs
Tu es légère comme une plume
Je te parle tu me regardes
Ton faible ronronnement me dit
combien tu m'aimes
Tu as compris que la vie c'est aussi cela
J'ai peur et je pleure
sans que tu me vois
Volga accroche-toi même si
c'est toi qui sais

Je souriais en te voyant suivre le soleil
t'en gorger encore et encore
Fuir le vent du nord t'abriter sous les rayons
Tu viens de rentrer épuisée
tu dors dans ta litière propre
Nouka ne comprend pas
Watcha notre tigresse miaulait
Que se passe-t-il ?

Ce soir tu t'installes dans le panier de la chienne
un peu gênée elle te laisse
Cette nuit elle ira sur le canapé
Petits arrangements entre amies
Tu vois je souris et pourtant
j'ai peur très peur de te dire bonsoir
A demain ma douce blanche

Ce matin et toute la journée
en accord avec le ciel gris
tu ne t'es pas levée
Toujours dans le panier de Nouka
Le souffle léger
Le regard perdu quand je te caresse
Juste avant de monter bouquiner
quelle surprise de te voir quitter ta couche !
Comme chaque soir j'espère
Est-ce insensé ?
Non juste l'amour que je te porte
qui me souffle d'y croire encore
même si j'appréhende chaque matin
Reste encore Volga
Même Nouka te le murmure tout bas
sa truffe sur ta petite tête assoupie

Volga ma douce ma câline
Après deux jours de soins
quelques photos de toi au soleil de mars
j'ai cru que la vie l'emportait
Ce matin je ne sais plus
Ton petit corps fragile refuse
allongé presque raidi
Et puis deux heures plus tard
tu t'es relevée tête droite
Que dois-je faire... dis-moi
Retourner chez le soigneur
te laisser tranquille chez toi ?

Et cet après-midi tout est fini

Volga ma si douce
J'ai mal
je dois me cacher pour pleurer
Ne pas attrister Nouka et Watcha

Maintenant tu reposes dans ton jardin
au milieu des jonquilles
Dors bien tu seras toujours en moi.


Elle dort la petite Volga


26 mars 2018

Un voeu

                                         
                                                              Un voeu
           

Je veux
taire dissimuler oublier ____  le pourrai-je
Essayer.  Ne plus jamais penser à
     ces visages émaciés
     ces dalles de granit
     ces fleurs déposées


Je veux
de la blanche noirceur de mes nuits
chasser tant de cauchemars  __  Bête traquée je hurle
menacée pourchassée
Danse infernale d'idées sombres incrustées
en mon esprit et mon cœur meurtri


Je veux
ne plus réprimer refouler transcender  __  autant dire
nier renier abandonner
      mes désirs brûlants
      mes folles passions
      mes rêves perdus dans la galaxie


Je veux
laisser le soleil lécher de sa caresse
ma peau assoiffée
fermer les yeux sur le plaisir
inviter les plus tendres souvenirs
sensualité libérée  ___  hors d'ici Thanatos !
m'enivrer de la douceur parfumée
comme si c'était le dernier été


Je veux
transgresser les codes  __   Ne plus être
ce que l'on attend 
__  Oser 
__  Dire
       aux donneurs de leçons
       aux bons citoyens
       aux beaux parleurs

              Non

© fruban

le 8 juin 2015

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Tu tiens la brume dans tes mains


Tu tiens la brume dans tes mains



Tu es là papillon de jour papillon de nuit
corbac noir de l'Ardenne
Tu es là à l'ombre du gingko
regard tourné vers le ciel d'automne
Nous nous croisons sur le Vieux Pont sur les rives océanes
le long d'un canal perdu
Je te vois une plume à la main
quand les mots jaillissent comme perles
quand les mots se taisent
Tu es là encore le jour
où tu tiens la brume dans tes mains
Tu es là à l'aube au crépuscule
au cœur de la nuit
Je te vois ce jour je te vois demain
sous le soleil sous la neige sous la pluie et le vent
J'entends ton cœur tendre et malicieux
ton cœur en larmes en cris de colère


© fruban

le 13 septembre 2017



Tu étais au milieu

Tu étais au milieu



J'aime écrire lorsque cela devient besoin nécessité
et c'est tout
Aujourd'hui fuyant les cris des absents qui surgissent en moi j'ai cherché
quelques pâles reflets de la Beauté
m'en imprégner
un jour leur offrir des mots
Le monde est parfois trop stone
seules les couleurs de l'automne y mettent un peu de feu
Avec le soleil ce serait mieux
J'ai laissé mes pensées vagabonder, murmurer... / Regarde ce qui est beau en toi autour de toi /
Tu étais au milieu je t'ai trouvé

Que ta journée soit douce à tes pas à tes mots.

Toi si petite


                                           Toi si petite


Je te revois toute petite presque timide
Ce jour de janvier ce jour de deuil
Nos chemins s'étaient séparés
depuis longtemps déjà
Je devais être forte pour lui
et toi tu me fragilisais

Tant d'années de secrets enfouis
de mensonges de malentendus
Tu ne m'aimais plus  __  triste et fière
je le vivais ainsi
Ne plus entendre tes paroles venimeuses
Je sais maintenant que toi aussi tu étais malheureuse

Ce soir vois-tu c'est ton image
qui me revient qui me hante
Toi si seule dans cette église
où tu ne m'as pas regardée
Toi si petite si fragile et moi bien trop fière
Il était trop tard beaucoup trop tard

Certains secrets conduisent à la folie
Je devais t'échapper ne plus pleurer
Ne plus m'interroger ne plus te chercher
Simplement m'enfuir construire ma vie
Et j'ai cru que cet amour là
pouvait s'oublier

Et puis je te revis toute petite toute fragile
Sur un lit d'hôpital
J'ai caressé tes mains ton visage
/ Maman je suis là /
Tu partis dans la nuit
Notre histoire était finie

Je le croyais...


© fruban
02 octobre 2017


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Ta vie comme un puzzle

                                                 
 Rien ne remplace l'épreuve des choses. Les mots demeurent des ombres à côté de la vie.
Laurence Tardieu, Comme un père (Arléa 2002)





  Ta vie comme un puzzle




Petit enfant hésitant balbutiant
tu cherches où placer ton premier regard
Par hasard tu choisis de poser ta main ici
ton centre dans ce grand vide étrange
noir trop noir pour tes yeux si curieux
Comment peu à peu trouver le bleu le rouge
cet arc-en-ciel de l'enfance



Solitaire tu pioches tu réunis tes pensées
au gré de tes désirs de tes émois
Mettre tes pas ici ou bien là
Il y a au fond de toi ce manque cette absence
Ta boussole ce seront tes crayons tes pinceaux
ton ciseau de sculpteur ta terre à modeler
Déjà l'artiste sourit en toi



Rouge passion ou rouge sang
Tes mains tâtonnent de ci de là
Les arbres les animaux de transhumance
parcours tant aventurier qu'initiatique
Gagner sa croûte continuer à créer créer encore et toujours
D'amours en amourettes tu façonnes ta vie d'homme
Tu avances vagabond écorché vif en quête de la juste place



Ta plume célébrée enfin la joie t'illumine
Harmonie trop vite bosselée cabossée
que masquent ta malice et tes pitreries
S'éparpillent rêves et désirs et le bleu encore quitte la scène
Le noir te rejoint en pleine fête de la liberté
Le souffle court le petit clown peine à respirer et
les larmes inondent ses doigts



Je m'endors ici ou là pour un oui pour un non
Automate somnambule aux souliers de papier imprimé
partition d'une sonate qui égraine les heures du jour et de la nuit
Chercher se placer construire
Fragmenter morceler s'égarer dé-construire
Naître et mourir
Notre Vie amour
Ensemble continuons.



© fruban, le 9 juillet 2017











Silence des mots

Ça tape ça tape ça tape
Ça crie ça crie ça crie
Ça tape ça crie ça gueule
Et puis ça rotative
Léo Ferré, Night and day



Silence des mots


Mots terrés au fond du cœur
Ils me fuient se cachent m'échappent
Emotions trop brûlantes en ce début d'hiver
Seules les flammes qui crépitent sous les braises
caressent la page vierge du poète

Mots disparates égrenés de lèvres muettes
Pauvres notes perdues dans les brumes
Vos accords sonnent faux
Phrases bancales autant que banales
Quelque chose comme le Silence
assoupi sous la terre
Parole fragile aux allures de luciole
tu n'éclaires plus les ténèbres du chemin

Mots muets au milieu de la cacophonie grinçante
qui se croit symphonie
Trop de tambours
Trop de cors triomphants
Serait-ce l'halali ?

Mots assis dans les livres
Les saisir du regard leur donner ma voix
Ressentir leur chaleur envahir tout mon être
Je m'y accroche comme bouée de sauvetage
au milieu des tempêtes
Je leur donne vie
Ils m'offrent le souffle

Puisque mes mots sont Silence


J'aimerais être un albatros le temps d'une marée montante


© fruban

le 19 janvier 2018

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Quand pointe l'Equinoxe



Quand pointe l'Equinoxe



Ce n'est pas encore l'Automne flamboyant
Pas la moindre feuille jaunie
Ma jungle a gardé sa robe verte
Seuls les vents et la pluie gifflent ma peau
encore salée par les embruns
Le soleil timide retient ses rayons
Quelques colchiques s'attardent
Les hirondelles ont fui
Te lire au tout petit jour
Regard tourné vers hier



Du monde remontent des relents pestilentiels
Réfugiés rejetés à la mer
chassés de nos frontières méprisés assassinés
Les pays riches se partagent d'opulentes et insolentes fortunes
Le droit d'asile la compassion humaine
n'existent plus chez nous
Accueillir la misère est devenu indécent illégal
Que te dire à toi qui toujours a vécu auprès des déshérités



Au couchant les ciels de septembre sont peut-être
les plus colorés dans leur tourmente
Ils nous offrent leur lumière de bleu de gris de feu
Leurs formes mouvantes embrasent les paysages
de leurs flammes si caressantes
Alors je me plais à croire que la paix est possible
Je sais que toi aussi tu restes là à les contempler
Bientôt la nuit nous ouvrira ses portes



© fruban, 15 septembre 2017

Tous droits réservés
recueil en cours

Redessiner le monde

Redessiner le monde




Le monde est fou les gens sont fous
Moi j'ai froid partout
dedans surtout
Tout est gris
de ce gris qui jamais ne sourit
Mon cœur est cendre-gris

Et pourtant que de lumières
de guirlandes éblouissantes
Couleurs d'artifices clignotantes
Magie de la fée Carabosse
Ces illuminations m'en-grisent
le cœur et l'âme

Arborer la Madone palestinienne
un poème de Mahmoud Darwish
Relire écouter La petite fille aux allumettes
larmes aux paupières
Je me souviens
Noël dans le cœur de l'enfant que j'étais

Toi dans la chambre à côté tu ris
Tu ris et dessines allongé sous la table
Et on s'en fout des agapes et des lumières clinquantes
Juste une plume un crayon et
redessiner le monde
illuminer la Vie



Si au moins il pleuvait un petit peu dans ta main, je serais heureux




© fruban

quelques jours en décembre 2017

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Prisonnière

« Nous ne sommes rien, ce que nous cherchons est tout »
Olav H.Hauge
cité dans la Préface de « Nord profond » (éd Bleu autour)


Prisonnière


Prisonnière des murs de pierres
Prisonnière des ciels gris des murs de pluie
Sur tes écrits tu te replies
Si la Nature se montre parfois hostile
Il est des prisons plus impitoyables
Emmurée par les cœurs de pierre
Tu te bats pour trouver la lumière

La cohorte des revanchards charognards se déchaînent et t'encerclent

Chaque matin je te regarde mon amie
l'araignée tisseuse de toiles
Je te parle de mes nuits
Je te dis les hommes et leurs mesquineries
Je souris avec toi de nos secrets
Nos cœurs battent au rythme du monde
au rythme d'une absence si présente

Les feuillages enflammés ruissellent en perles d'or sur la pluie d'hier

Les poètes vendent leur cœur
Comme d'autres vendent des Mirages
Tout est marché tout est commerce
Ô écrire pour le Silence écrire pour l'Absence
Ne pas vendre ton âme au diable
Maître Ego se pavane sur les réseaux
Et toi tu te sens prisonnière

Nous savons toi et moi les mots simples
les mots profonds
Ce poète norvégien entre taille de cerisiers
et carnets de poésie
Les mots de la Vie de l'Amour de la Nature
de la Beauté du monde

« Je veux qu'un poème soit tel que tu puisses habiter dedans »(1)


© fruban, le 14 octobre 2017



(1) Olav H.Hauge, cité dans la Préface de « Nord profond »

Ô Fabrice



Ô Fabrice
Toi tu sais ce que valent la Vie l'Amour la Mort
Les hommes deviennent fous
de mépris d'intolérance de méchanceté
Que me dirais-tu aujourd'hui
que Jean d'O que Johnny t'ont rejoint

Avec Jean d'O je parle philo
Avec Johnny je souris et gratte ma guitare

Toi tu sais la vanité des prétentions humaines
Quand la Camarde crée enfin l'égalité
Comme toi je me régale à jamais
des yeux bleus malicieux de Jean d'O
De Johnny je fredonne de belles chansons

Avec notre académicien nous nous interrogeons
il a retrouvé Tonton et Aragon
il fait pétiller ses yeux bleus avec Ferrat
Avec l'idole des jeunes nous improvisons
tantôt rock tantôt blues je lui rappelle
cet album que je t'avais offert Sang pour sang

Ô Fabrice
Ici la même lumière le même soleil
pour l'aristocrate de droite
pour le rocker aux yeux fatigués
Tu sais je lis L'espérance d'un baiser
et je me dis qu'Auschwitz c'était bien autre chose
Prends soin de toi mon fils
Je t'aime

© fruban

le 6 décembre 2017





« Françoise, je lis votre dernier post, de mon bureau, entre deux réunions, pas le temps d'écrire longtemps. Mais je voulais vous dire que je suis très ému par vos mots, par l'amour qu'ils diffusent. Il y a tant d'esprits petits, étriqués dans leur certitude, aboyant leur méchanceté pensant ainsi lui donner un vernis d'intelligence.....vos mots font exploser tout cela. Votre amour si vivant pour Fabrice le touche là où il est, mais il fait du bien à beaucoup d'autres aussi. Merci, vraiment. » AL

Au fils de novembre

Quand les fils de Novembre nous reviennent en Mai,
Quand la plaine est fumante et tremble sous Juillet,
J. Brel

                                                   Au fils de novembre


Je t'ai croisé au détour d'un sentier
On y parlait de poésie
Ton visage m'intriguait
et pourtant sauvage presque inquiétant
Moi je vivais l'euphorie
toujours autour de la poésie
Dans mon jardin des musiciens
accompagnaient mes mots

C'était le Solstice d'été

Très vite un choc électrique
Avalanche de paroles et d'orages
Nous étions en été
Tu écrivais
J'écrivais
Nos mots se sont croisés chevauchés
heurtés
Nos cœurs se sont affolés
Le chemin tortueux grimpait grimpait

Oui l'Amitié se nimba de désirs brûlants
Voyons voyons  __  Etait-ce bien raisonnable
Et de rire à la folie
Toi homme de l'hiver
Moi femme de la lumière
Il y eut quelques grêlons
qui bombardèrent nos neutrons
Et passèrent les jours les semaines
les mois les années  __  Déjà !

Je te retrouve en cette fin novembre
En ce jour qui te vit naître
Moi balbutiante, hésitante
Toi horripilé par ces commémorations
Encore un anniversaire !
Mais la tradition mon petit clown
Voyons ça filera vite
Alors osons souhaitons
Et surtout aimons-nous !

Françoise

le 27 novembre 2017

Nuit blanche entachée de sang noir

                                                        Nuit blanche
                                                                              entachée de sang noir


Savourer un instant de paix
Croire que se relever est possible
Regarder vers l'à-venir éphémère
Guetter à travers les ciels
une lumière vite assombrie   ___   toujours assombrie
Nuit noire dehors blanche veille à l'intérieur
au fond d'un lit hostile qui te repousse
Se lever crier puis hurler ta colère
qui ronge asphyxie recouvre ta vie
d'un lourd linceul
Accalmie vite finie
Tu souffres et repars au combat que se livrent les hommes

Se relever encore y croire un peu
Se heurter au mur d'incompréhension
sauvage entêté destructeur
Se retourner vers le passé
essayer de comprendre    ___    Où   Quand  Comment
s'est enrayé l'engrenage
de la Vie de l'Amour
Abandon  __  ce sentiment qui t'obsède
Comprendre comprendre comprendre
Pourquoi toujours te manque un maillon de la chaîne
Impossibilité d'aimer
Comment savoir les manques réels ou inventés
ces manques douloureusement ressentis

Relire tous ces mots qui te déchirent
toutes ces paroles mensongères
Chercher chercher encore et toujours
l'Ami qui guérira tes blessures
Cette blessure jamais refermée
plaie béante suintante
Cette blessure à fleur de peau à fleur de cœur
qui s'ouvre grand quand enfin tu apercevais
issue et guérison   ___    toujours un leurre
Sournoise tapie dans son nid d'abandons
Pourquoi  Qui te dira  Qui te guidera

Crache crache ce fiel amer
poison à diffusion lente inéluctable
Inspire expire respire
Ta douleur s'apaise  ___   et passe la Nuit
Tu dormiras demain
Journée blanche

© fruban, le 29 janvier 2017

Haïkus d'automne


                                                            Haïkus d'automne


Ocre des champs bruns
sur ton cœur baume et embruns
automnale jouvence.


Cendre des nuages
mélancolie de l'attente
est-ce la tempête ?


Branches dénudées
une seule nuit suffit
  __   s'envole la sève


Dans la brume cendre
des volutes de fumée
chaleur en nos cœurs


Chevreuil aux abois
dans la plaine les fusils
font fi de la Vie


Les flammes grenat
s'accrochent au liquidambar
et le monde chavire...


Dernières framboises
douceur sur ta lèvre  __  Ami
ton nectar d'hiver


Vole papillon...
où vivras-tu en hiver
et où ta blancheur ?


Automne ton ciel gris
humide et froid ton tapis
nostalgique effroi


Et toi geai secoue
tes plumes aux couleurs d'été
dans l'eau du chagrin

Feuillages gisant
bientôt noir et riche humus
vert espoir demain


Chèvrefeuille si triste
seules quelques roses éparses
quand s'endort la Vie


Brume grise pelisse
lourde sur ton âme pâle
un souffle ténu


Pluie de feuilles d'or
tombe sur tes cheveux blancs
ô ce vent vaurien !


L'une après l'autre
t'abandonnent tes parures
arbre décharné


II


Au ciel la Grande Ourse
lumineuses étoiles
ténèbres profondes


Les mésanges bleues
grapillent les fleurs fanées
Semence nouvelle


Nobles grues cendrées
en triangle fendent le ciel
Juste un au revoir...


Merle malicieux
fouille sous les feuilles mortes
festin pour l'hiver !


Le Chat dans ses bras
l'homme caresse et s'apaise
__ la Nuit les emporte


Souffle le vent d'Ouest
volez feuilles ployez branches
Ton âme en hiver


Vaste ciel d'automne
étend ton drap de satin
Nuit caresse-les


Neige dans les orteils
bientôt flocons voltigeurs
me souffle mon cœur


Le brouillard retombe
sur les mésanges en quête
d'un gîte de nuit

























Ephémère éclipse à coeur croisé

Ephémère éclipse
              à cœurs croisés



Le tout petit jour arrive et découvre le lointain
Je ne sais ce qui se cache derrière le voile noir de la nuit


Nacre rose en boutons le magnolia se déploie
L'or jonquille éclabousse un matin cendré
Ce printemps n'en finit pas de se préparer
Le manque de toi
Les échos d'Istanbul
Paralysent l'ivresse du renouveau


Je compterai les jours les heures les minutes
les secondes d'éternité
L'absence et le silence des mots ne sont rien
Mon souffle est dans la tendresse de nos cœurs
L'aube est là ses lumières annonciatrices d'une belle journée
Les jonquilles vont se régaler


On me dit le vent vif annonce la venue de la semaine sainte
Toujours froide et maussade
Le merle siffleur continue ses appels moqueurs
Je le crois amoureux
Et moi je me moque du calendrier religieux
Ce soir encore les éoliennes clignotent rouge


Le tout petit jour arrive et découvre le lointain
Je ne sais ce qui se cache derrière le voile noir de la nuit





 ©fruban

le 18 mars 2017

En mon jardin de pluie le Silence

En mon jardin de pluie
le silence



En mon jardin de pluie
le narcisse des poètes courbe la tête
Parfois nous laissons couler nos larmes
à l'intérieur de nos cœurs
En silence



Trois énormes boules aériennes déclinent
toutes les nuances de rose
Nacre précieuse du magnolia
Nuage léger du prunus
Petites coupelles gourmandes du pêcher

Tu t'interroges
Où se rejoindre quand tes appels
restent muets
aucun écho
Le silence

Et tu laisses couler tes larmes
en secret à l'intérieur

Taire le fracas du monde
explosions à ta porte murs de prison
cris soupirs la révolte gronde
Loin des jeux politiciens immondes
enfants au regard de terreur
paroles assassinées vies confisquées

Ton amour s'envole aux quatre vents
Caresser son cœur meurtri
de tes doigts aimants
apaiser sa douleur
Comment...



Des larmes s'écoulent de ses yeux secs
en secret à l'intérieur

En mon jardin de pluie
le narcisse des poètes courbe la tête
Parfois nous laissons couler nos larmes
à l'intérieur de nos cœurs
En silence


© fruban,
le 23 mars 2017






Dérive n'est pas naufrage

                                                  Dérive n'est pas naufrage



"Ceux qui s'aiment et qui sont séparés peuvent vivre dans la douleur, mais ce n'est pas le désespoir : ils savent que l'amour existe".
Albert Camus, La Mer au plus près
in, L'Eté - 1954)




Comment marcher dans ce jardin
Où tu n'es plus
Comment m'asseoir sur ce banc
Où tu ne me rejoins plus
Comment regarder ces fleurs
Que j'aimais cueillir pour toi
Comment caresser ma belle noire
Que pour rire tu avais surnommée Nougatine
Tout ce que je vois ici me semble étranger


Comment boire une bière dans la douceur de l'été
Sans toi elle n'aura plus la même saveur
Gorge serrée larmes sèches au fond du cœur
Regrets de ce que nous avons dit
Regrets de ce que nous avons tu
Regrets pour ces mots rebelles
Regrets pour ces fuites en avant
De violence en silences d'impatience en déferlantes
Notre barque a chaviré


Se savoir unique se croire simple passante
Se voir belle dans le miroir d'un regard tendre
Se fuir laide loin de ton sourire malicieux
Il a suffi qu'une dérive d'un soir déverse
Ses flots remplis de fiel amer
Pour que le monde n'ait plus de sens
Comment effacer comment retrouver
Comment te dire comment poursuivre
Notre chemin que je sais éternel


Peur de te parler désormais
Peur de ne plus savoir t'aimer
Peur de te perdre
Peur de me perdre
Peur de cet Amour qui me posséde
Peur de notre sensibilité à fleur de peau
Peur de ce trouble qui m'envahit quand je te vois
Peur de ne plus avoir le temps
Peur de toutes ces nuits blanches loin de toi


Comment au tout petit jour m'éveiller
Sans le souffle de tes baisers doux ou fougueux
Comment affronter l'heure suivante
Quand je ne sais où diriger mes pas
Et pourtant les mots sont là me brûlent les lèvres
Oserai-je les murmurer puis les crier ici
Quand je ne veux que les glisser au creux de ton sommeil
Oui je t'aime je n'aime que Toi
Notre éternité est là.


        fruban

             quelques jours, quelques nuits en août 2017