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jeudi 4 juillet 2019

Sous les étoiles, Olav H Hauge




Sous les étoiles

Qu'est-ce qui m'a poussé à aller dehors
sous le ciel inhospitalier de l'aube ?
Les étoiles bleues, obstinées,
que veulent-elles ?

Les montagnes n'ont rien à promettre,
et s'écartent seulement,
laissant le fjord à sa plénitude
et les torrents se jeter en lui.
Les montagnes restent là,
insensibles et dures sous la neige.

Mais les pentes boisées,
les pentes boisées
se sont jetées face contre terre,
mettant à nu leur misère sous les étoiles.

C'est ma peine,
c'est ma souffrance, écorchées et vives,
qui sont là, étendues,
noires comme le fer et sanglantes,
mais jurant par tous les dieux
d'à nouveau verdir et chanter.

Olav H.Hauge
Nord profond
éd.Bleu autour
p.103


mardi 2 juillet 2019

Volga



Volga


Tu réclames le soleil glacé
en ces jours de mars
Comment te retenir
Je t'observe depuis quelques jours
Tes poils se sont terni
Tes yeux tristes se creusent
Toi dont on riait des rondeurs
Tu es légère comme une plume
Je te parle tu me regardes
Ton faible ronronnement me dit
combien tu m'aimes
Tu as compris que la vie c'est aussi cela
J'ai peur et je pleure
sans que tu me vois
Volga accroche-toi même si
c'est toi qui sais

Je souriais en te voyant suivre le soleil
t'en gorger encore et encore
Fuir le vent du nord t'abriter sous les rayons
Tu viens de rentrer épuisée
tu dors dans ta litière propre
Nouka ne comprend pas
Watcha notre tigresse miaulait
Que se passe-t-il ?

Ce soir tu t'installes dans le panier de la chienne
un peu gênée elle te laisse
Cette nuit elle ira sur le canapé
Petits arrangements entre amies
Tu vois je souris et pourtant
j'ai peur très peur de te dire bonsoir
A demain ma douce blanche

Ce matin et toute la journée
en accord avec le ciel gris
tu ne t'es pas levée
Toujours dans le panier de Nouka
Le souffle léger
Le regard perdu quand je te caresse
Juste avant de monter bouquiner
quelle surprise de te voir quitter ta couche !
Comme chaque soir j'espère
Est-ce insensé ?
Non juste l'amour que je te porte
qui me souffle d'y croire encore
même si j'appréhende chaque matin
Reste encore Volga
Même Nouka te le murmure tout bas
sa truffe sur ta petite tête assoupie

Volga ma douce ma câline
Après deux jours de soins
quelques photos de toi au soleil de mars
j'ai cru que la vie l'emportait
Ce matin je ne sais plus
Ton petit corps fragile refuse
allongé presque raidi
Et puis deux heures plus tard
tu t'es relevée tête droite
Que dois-je faire... dis-moi
Retourner chez le soigneur
te laisser tranquille chez toi ?

Et cet après-midi tout est fini

Volga ma si douce
J'ai mal
je dois me cacher pour pleurer
Ne pas attrister Nouka et Watcha

Maintenant tu reposes dans ton jardin
au milieu des jonquilles
Dors bien tu seras toujours en moi.


Elle dort la petite Volga


26 mars 2018

Un voeu

                                         
                                                              Un voeu
           

Je veux
taire dissimuler oublier ____  le pourrai-je
Essayer.  Ne plus jamais penser à
     ces visages émaciés
     ces dalles de granit
     ces fleurs déposées


Je veux
de la blanche noirceur de mes nuits
chasser tant de cauchemars  __  Bête traquée je hurle
menacée pourchassée
Danse infernale d'idées sombres incrustées
en mon esprit et mon cœur meurtri


Je veux
ne plus réprimer refouler transcender  __  autant dire
nier renier abandonner
      mes désirs brûlants
      mes folles passions
      mes rêves perdus dans la galaxie


Je veux
laisser le soleil lécher de sa caresse
ma peau assoiffée
fermer les yeux sur le plaisir
inviter les plus tendres souvenirs
sensualité libérée  ___  hors d'ici Thanatos !
m'enivrer de la douceur parfumée
comme si c'était le dernier été


Je veux
transgresser les codes  __   Ne plus être
ce que l'on attend 
__  Oser 
__  Dire
       aux donneurs de leçons
       aux bons citoyens
       aux beaux parleurs

              Non

© fruban

le 8 juin 2015

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Tu tiens la brume dans tes mains


Tu tiens la brume dans tes mains



Tu es là papillon de jour papillon de nuit
corbac noir de l'Ardenne
Tu es là à l'ombre du gingko
regard tourné vers le ciel d'automne
Nous nous croisons sur le Vieux Pont sur les rives océanes
le long d'un canal perdu
Je te vois une plume à la main
quand les mots jaillissent comme perles
quand les mots se taisent
Tu es là encore le jour
où tu tiens la brume dans tes mains
Tu es là à l'aube au crépuscule
au cœur de la nuit
Je te vois ce jour je te vois demain
sous le soleil sous la neige sous la pluie et le vent
J'entends ton cœur tendre et malicieux
ton cœur en larmes en cris de colère


© fruban

le 13 septembre 2017



Tu étais au milieu

Tu étais au milieu



J'aime écrire lorsque cela devient besoin nécessité
et c'est tout
Aujourd'hui fuyant les cris des absents qui surgissent en moi j'ai cherché
quelques pâles reflets de la Beauté
m'en imprégner
un jour leur offrir des mots
Le monde est parfois trop stone
seules les couleurs de l'automne y mettent un peu de feu
Avec le soleil ce serait mieux
J'ai laissé mes pensées vagabonder, murmurer... / Regarde ce qui est beau en toi autour de toi /
Tu étais au milieu je t'ai trouvé

Que ta journée soit douce à tes pas à tes mots.

Toi si petite


                                           Toi si petite


Je te revois toute petite presque timide
Ce jour de janvier ce jour de deuil
Nos chemins s'étaient séparés
depuis longtemps déjà
Je devais être forte pour lui
et toi tu me fragilisais

Tant d'années de secrets enfouis
de mensonges de malentendus
Tu ne m'aimais plus  __  triste et fière
je le vivais ainsi
Ne plus entendre tes paroles venimeuses
Je sais maintenant que toi aussi tu étais malheureuse

Ce soir vois-tu c'est ton image
qui me revient qui me hante
Toi si seule dans cette église
où tu ne m'as pas regardée
Toi si petite si fragile et moi bien trop fière
Il était trop tard beaucoup trop tard

Certains secrets conduisent à la folie
Je devais t'échapper ne plus pleurer
Ne plus m'interroger ne plus te chercher
Simplement m'enfuir construire ma vie
Et j'ai cru que cet amour là
pouvait s'oublier

Et puis je te revis toute petite toute fragile
Sur un lit d'hôpital
J'ai caressé tes mains ton visage
/ Maman je suis là /
Tu partis dans la nuit
Notre histoire était finie

Je le croyais...


© fruban
02 octobre 2017


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Ta vie comme un puzzle

                                                 
 Rien ne remplace l'épreuve des choses. Les mots demeurent des ombres à côté de la vie.
Laurence Tardieu, Comme un père (Arléa 2002)





  Ta vie comme un puzzle




Petit enfant hésitant balbutiant
tu cherches où placer ton premier regard
Par hasard tu choisis de poser ta main ici
ton centre dans ce grand vide étrange
noir trop noir pour tes yeux si curieux
Comment peu à peu trouver le bleu le rouge
cet arc-en-ciel de l'enfance



Solitaire tu pioches tu réunis tes pensées
au gré de tes désirs de tes émois
Mettre tes pas ici ou bien là
Il y a au fond de toi ce manque cette absence
Ta boussole ce seront tes crayons tes pinceaux
ton ciseau de sculpteur ta terre à modeler
Déjà l'artiste sourit en toi



Rouge passion ou rouge sang
Tes mains tâtonnent de ci de là
Les arbres les animaux de transhumance
parcours tant aventurier qu'initiatique
Gagner sa croûte continuer à créer créer encore et toujours
D'amours en amourettes tu façonnes ta vie d'homme
Tu avances vagabond écorché vif en quête de la juste place



Ta plume célébrée enfin la joie t'illumine
Harmonie trop vite bosselée cabossée
que masquent ta malice et tes pitreries
S'éparpillent rêves et désirs et le bleu encore quitte la scène
Le noir te rejoint en pleine fête de la liberté
Le souffle court le petit clown peine à respirer et
les larmes inondent ses doigts



Je m'endors ici ou là pour un oui pour un non
Automate somnambule aux souliers de papier imprimé
partition d'une sonate qui égraine les heures du jour et de la nuit
Chercher se placer construire
Fragmenter morceler s'égarer dé-construire
Naître et mourir
Notre Vie amour
Ensemble continuons.



© fruban, le 9 juillet 2017











Silence des mots

Ça tape ça tape ça tape
Ça crie ça crie ça crie
Ça tape ça crie ça gueule
Et puis ça rotative
Léo Ferré, Night and day



Silence des mots


Mots terrés au fond du cœur
Ils me fuient se cachent m'échappent
Emotions trop brûlantes en ce début d'hiver
Seules les flammes qui crépitent sous les braises
caressent la page vierge du poète

Mots disparates égrenés de lèvres muettes
Pauvres notes perdues dans les brumes
Vos accords sonnent faux
Phrases bancales autant que banales
Quelque chose comme le Silence
assoupi sous la terre
Parole fragile aux allures de luciole
tu n'éclaires plus les ténèbres du chemin

Mots muets au milieu de la cacophonie grinçante
qui se croit symphonie
Trop de tambours
Trop de cors triomphants
Serait-ce l'halali ?

Mots assis dans les livres
Les saisir du regard leur donner ma voix
Ressentir leur chaleur envahir tout mon être
Je m'y accroche comme bouée de sauvetage
au milieu des tempêtes
Je leur donne vie
Ils m'offrent le souffle

Puisque mes mots sont Silence


J'aimerais être un albatros le temps d'une marée montante


© fruban

le 19 janvier 2018

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Quand pointe l'Equinoxe



Quand pointe l'Equinoxe



Ce n'est pas encore l'Automne flamboyant
Pas la moindre feuille jaunie
Ma jungle a gardé sa robe verte
Seuls les vents et la pluie gifflent ma peau
encore salée par les embruns
Le soleil timide retient ses rayons
Quelques colchiques s'attardent
Les hirondelles ont fui
Te lire au tout petit jour
Regard tourné vers hier



Du monde remontent des relents pestilentiels
Réfugiés rejetés à la mer
chassés de nos frontières méprisés assassinés
Les pays riches se partagent d'opulentes et insolentes fortunes
Le droit d'asile la compassion humaine
n'existent plus chez nous
Accueillir la misère est devenu indécent illégal
Que te dire à toi qui toujours a vécu auprès des déshérités



Au couchant les ciels de septembre sont peut-être
les plus colorés dans leur tourmente
Ils nous offrent leur lumière de bleu de gris de feu
Leurs formes mouvantes embrasent les paysages
de leurs flammes si caressantes
Alors je me plais à croire que la paix est possible
Je sais que toi aussi tu restes là à les contempler
Bientôt la nuit nous ouvrira ses portes



© fruban, 15 septembre 2017

Tous droits réservés
recueil en cours

Redessiner le monde

Redessiner le monde




Le monde est fou les gens sont fous
Moi j'ai froid partout
dedans surtout
Tout est gris
de ce gris qui jamais ne sourit
Mon cœur est cendre-gris

Et pourtant que de lumières
de guirlandes éblouissantes
Couleurs d'artifices clignotantes
Magie de la fée Carabosse
Ces illuminations m'en-grisent
le cœur et l'âme

Arborer la Madone palestinienne
un poème de Mahmoud Darwish
Relire écouter La petite fille aux allumettes
larmes aux paupières
Je me souviens
Noël dans le cœur de l'enfant que j'étais

Toi dans la chambre à côté tu ris
Tu ris et dessines allongé sous la table
Et on s'en fout des agapes et des lumières clinquantes
Juste une plume un crayon et
redessiner le monde
illuminer la Vie



Si au moins il pleuvait un petit peu dans ta main, je serais heureux




© fruban

quelques jours en décembre 2017

Tous droits réservés

Prisonnière

« Nous ne sommes rien, ce que nous cherchons est tout »
Olav H.Hauge
cité dans la Préface de « Nord profond » (éd Bleu autour)


Prisonnière


Prisonnière des murs de pierres
Prisonnière des ciels gris des murs de pluie
Sur tes écrits tu te replies
Si la Nature se montre parfois hostile
Il est des prisons plus impitoyables
Emmurée par les cœurs de pierre
Tu te bats pour trouver la lumière

La cohorte des revanchards charognards se déchaînent et t'encerclent

Chaque matin je te regarde mon amie
l'araignée tisseuse de toiles
Je te parle de mes nuits
Je te dis les hommes et leurs mesquineries
Je souris avec toi de nos secrets
Nos cœurs battent au rythme du monde
au rythme d'une absence si présente

Les feuillages enflammés ruissellent en perles d'or sur la pluie d'hier

Les poètes vendent leur cœur
Comme d'autres vendent des Mirages
Tout est marché tout est commerce
Ô écrire pour le Silence écrire pour l'Absence
Ne pas vendre ton âme au diable
Maître Ego se pavane sur les réseaux
Et toi tu te sens prisonnière

Nous savons toi et moi les mots simples
les mots profonds
Ce poète norvégien entre taille de cerisiers
et carnets de poésie
Les mots de la Vie de l'Amour de la Nature
de la Beauté du monde

« Je veux qu'un poème soit tel que tu puisses habiter dedans »(1)


© fruban, le 14 octobre 2017



(1) Olav H.Hauge, cité dans la Préface de « Nord profond »

Ô Fabrice



Ô Fabrice
Toi tu sais ce que valent la Vie l'Amour la Mort
Les hommes deviennent fous
de mépris d'intolérance de méchanceté
Que me dirais-tu aujourd'hui
que Jean d'O que Johnny t'ont rejoint

Avec Jean d'O je parle philo
Avec Johnny je souris et gratte ma guitare

Toi tu sais la vanité des prétentions humaines
Quand la Camarde crée enfin l'égalité
Comme toi je me régale à jamais
des yeux bleus malicieux de Jean d'O
De Johnny je fredonne de belles chansons

Avec notre académicien nous nous interrogeons
il a retrouvé Tonton et Aragon
il fait pétiller ses yeux bleus avec Ferrat
Avec l'idole des jeunes nous improvisons
tantôt rock tantôt blues je lui rappelle
cet album que je t'avais offert Sang pour sang

Ô Fabrice
Ici la même lumière le même soleil
pour l'aristocrate de droite
pour le rocker aux yeux fatigués
Tu sais je lis L'espérance d'un baiser
et je me dis qu'Auschwitz c'était bien autre chose
Prends soin de toi mon fils
Je t'aime

© fruban

le 6 décembre 2017





« Françoise, je lis votre dernier post, de mon bureau, entre deux réunions, pas le temps d'écrire longtemps. Mais je voulais vous dire que je suis très ému par vos mots, par l'amour qu'ils diffusent. Il y a tant d'esprits petits, étriqués dans leur certitude, aboyant leur méchanceté pensant ainsi lui donner un vernis d'intelligence.....vos mots font exploser tout cela. Votre amour si vivant pour Fabrice le touche là où il est, mais il fait du bien à beaucoup d'autres aussi. Merci, vraiment. » AL

Au fils de novembre

Quand les fils de Novembre nous reviennent en Mai,
Quand la plaine est fumante et tremble sous Juillet,
J. Brel

                                                   Au fils de novembre


Je t'ai croisé au détour d'un sentier
On y parlait de poésie
Ton visage m'intriguait
et pourtant sauvage presque inquiétant
Moi je vivais l'euphorie
toujours autour de la poésie
Dans mon jardin des musiciens
accompagnaient mes mots

C'était le Solstice d'été

Très vite un choc électrique
Avalanche de paroles et d'orages
Nous étions en été
Tu écrivais
J'écrivais
Nos mots se sont croisés chevauchés
heurtés
Nos cœurs se sont affolés
Le chemin tortueux grimpait grimpait

Oui l'Amitié se nimba de désirs brûlants
Voyons voyons  __  Etait-ce bien raisonnable
Et de rire à la folie
Toi homme de l'hiver
Moi femme de la lumière
Il y eut quelques grêlons
qui bombardèrent nos neutrons
Et passèrent les jours les semaines
les mois les années  __  Déjà !

Je te retrouve en cette fin novembre
En ce jour qui te vit naître
Moi balbutiante, hésitante
Toi horripilé par ces commémorations
Encore un anniversaire !
Mais la tradition mon petit clown
Voyons ça filera vite
Alors osons souhaitons
Et surtout aimons-nous !

Françoise

le 27 novembre 2017

Nuit blanche entachée de sang noir

                                                        Nuit blanche
                                                                              entachée de sang noir


Savourer un instant de paix
Croire que se relever est possible
Regarder vers l'à-venir éphémère
Guetter à travers les ciels
une lumière vite assombrie   ___   toujours assombrie
Nuit noire dehors blanche veille à l'intérieur
au fond d'un lit hostile qui te repousse
Se lever crier puis hurler ta colère
qui ronge asphyxie recouvre ta vie
d'un lourd linceul
Accalmie vite finie
Tu souffres et repars au combat que se livrent les hommes

Se relever encore y croire un peu
Se heurter au mur d'incompréhension
sauvage entêté destructeur
Se retourner vers le passé
essayer de comprendre    ___    Où   Quand  Comment
s'est enrayé l'engrenage
de la Vie de l'Amour
Abandon  __  ce sentiment qui t'obsède
Comprendre comprendre comprendre
Pourquoi toujours te manque un maillon de la chaîne
Impossibilité d'aimer
Comment savoir les manques réels ou inventés
ces manques douloureusement ressentis

Relire tous ces mots qui te déchirent
toutes ces paroles mensongères
Chercher chercher encore et toujours
l'Ami qui guérira tes blessures
Cette blessure jamais refermée
plaie béante suintante
Cette blessure à fleur de peau à fleur de cœur
qui s'ouvre grand quand enfin tu apercevais
issue et guérison   ___    toujours un leurre
Sournoise tapie dans son nid d'abandons
Pourquoi  Qui te dira  Qui te guidera

Crache crache ce fiel amer
poison à diffusion lente inéluctable
Inspire expire respire
Ta douleur s'apaise  ___   et passe la Nuit
Tu dormiras demain
Journée blanche

© fruban, le 29 janvier 2017

Haïkus d'automne


                                                            Haïkus d'automne


Ocre des champs bruns
sur ton cœur baume et embruns
automnale jouvence.


Cendre des nuages
mélancolie de l'attente
est-ce la tempête ?


Branches dénudées
une seule nuit suffit
  __   s'envole la sève


Dans la brume cendre
des volutes de fumée
chaleur en nos cœurs


Chevreuil aux abois
dans la plaine les fusils
font fi de la Vie


Les flammes grenat
s'accrochent au liquidambar
et le monde chavire...


Dernières framboises
douceur sur ta lèvre  __  Ami
ton nectar d'hiver


Vole papillon...
où vivras-tu en hiver
et où ta blancheur ?


Automne ton ciel gris
humide et froid ton tapis
nostalgique effroi


Et toi geai secoue
tes plumes aux couleurs d'été
dans l'eau du chagrin

Feuillages gisant
bientôt noir et riche humus
vert espoir demain


Chèvrefeuille si triste
seules quelques roses éparses
quand s'endort la Vie


Brume grise pelisse
lourde sur ton âme pâle
un souffle ténu


Pluie de feuilles d'or
tombe sur tes cheveux blancs
ô ce vent vaurien !


L'une après l'autre
t'abandonnent tes parures
arbre décharné


II


Au ciel la Grande Ourse
lumineuses étoiles
ténèbres profondes


Les mésanges bleues
grapillent les fleurs fanées
Semence nouvelle


Nobles grues cendrées
en triangle fendent le ciel
Juste un au revoir...


Merle malicieux
fouille sous les feuilles mortes
festin pour l'hiver !


Le Chat dans ses bras
l'homme caresse et s'apaise
__ la Nuit les emporte


Souffle le vent d'Ouest
volez feuilles ployez branches
Ton âme en hiver


Vaste ciel d'automne
étend ton drap de satin
Nuit caresse-les


Neige dans les orteils
bientôt flocons voltigeurs
me souffle mon cœur


Le brouillard retombe
sur les mésanges en quête
d'un gîte de nuit

























Ephémère éclipse à coeur croisé

Ephémère éclipse
              à cœurs croisés



Le tout petit jour arrive et découvre le lointain
Je ne sais ce qui se cache derrière le voile noir de la nuit


Nacre rose en boutons le magnolia se déploie
L'or jonquille éclabousse un matin cendré
Ce printemps n'en finit pas de se préparer
Le manque de toi
Les échos d'Istanbul
Paralysent l'ivresse du renouveau


Je compterai les jours les heures les minutes
les secondes d'éternité
L'absence et le silence des mots ne sont rien
Mon souffle est dans la tendresse de nos cœurs
L'aube est là ses lumières annonciatrices d'une belle journée
Les jonquilles vont se régaler


On me dit le vent vif annonce la venue de la semaine sainte
Toujours froide et maussade
Le merle siffleur continue ses appels moqueurs
Je le crois amoureux
Et moi je me moque du calendrier religieux
Ce soir encore les éoliennes clignotent rouge


Le tout petit jour arrive et découvre le lointain
Je ne sais ce qui se cache derrière le voile noir de la nuit





 ©fruban

le 18 mars 2017

En mon jardin de pluie le Silence

En mon jardin de pluie
le silence



En mon jardin de pluie
le narcisse des poètes courbe la tête
Parfois nous laissons couler nos larmes
à l'intérieur de nos cœurs
En silence



Trois énormes boules aériennes déclinent
toutes les nuances de rose
Nacre précieuse du magnolia
Nuage léger du prunus
Petites coupelles gourmandes du pêcher

Tu t'interroges
Où se rejoindre quand tes appels
restent muets
aucun écho
Le silence

Et tu laisses couler tes larmes
en secret à l'intérieur

Taire le fracas du monde
explosions à ta porte murs de prison
cris soupirs la révolte gronde
Loin des jeux politiciens immondes
enfants au regard de terreur
paroles assassinées vies confisquées

Ton amour s'envole aux quatre vents
Caresser son cœur meurtri
de tes doigts aimants
apaiser sa douleur
Comment...



Des larmes s'écoulent de ses yeux secs
en secret à l'intérieur

En mon jardin de pluie
le narcisse des poètes courbe la tête
Parfois nous laissons couler nos larmes
à l'intérieur de nos cœurs
En silence


© fruban,
le 23 mars 2017






Dérive n'est pas naufrage

                                                  Dérive n'est pas naufrage



"Ceux qui s'aiment et qui sont séparés peuvent vivre dans la douleur, mais ce n'est pas le désespoir : ils savent que l'amour existe".
Albert Camus, La Mer au plus près
in, L'Eté - 1954)




Comment marcher dans ce jardin
Où tu n'es plus
Comment m'asseoir sur ce banc
Où tu ne me rejoins plus
Comment regarder ces fleurs
Que j'aimais cueillir pour toi
Comment caresser ma belle noire
Que pour rire tu avais surnommée Nougatine
Tout ce que je vois ici me semble étranger


Comment boire une bière dans la douceur de l'été
Sans toi elle n'aura plus la même saveur
Gorge serrée larmes sèches au fond du cœur
Regrets de ce que nous avons dit
Regrets de ce que nous avons tu
Regrets pour ces mots rebelles
Regrets pour ces fuites en avant
De violence en silences d'impatience en déferlantes
Notre barque a chaviré


Se savoir unique se croire simple passante
Se voir belle dans le miroir d'un regard tendre
Se fuir laide loin de ton sourire malicieux
Il a suffi qu'une dérive d'un soir déverse
Ses flots remplis de fiel amer
Pour que le monde n'ait plus de sens
Comment effacer comment retrouver
Comment te dire comment poursuivre
Notre chemin que je sais éternel


Peur de te parler désormais
Peur de ne plus savoir t'aimer
Peur de te perdre
Peur de me perdre
Peur de cet Amour qui me posséde
Peur de notre sensibilité à fleur de peau
Peur de ce trouble qui m'envahit quand je te vois
Peur de ne plus avoir le temps
Peur de toutes ces nuits blanches loin de toi


Comment au tout petit jour m'éveiller
Sans le souffle de tes baisers doux ou fougueux
Comment affronter l'heure suivante
Quand je ne sais où diriger mes pas
Et pourtant les mots sont là me brûlent les lèvres
Oserai-je les murmurer puis les crier ici
Quand je ne veux que les glisser au creux de ton sommeil
Oui je t'aime je n'aime que Toi
Notre éternité est là.


        fruban

             quelques jours, quelques nuits en août 2017






Petit d'homme


Petit d'homme




Petit d'homme
un matin de septembre à Bodrum
la Mer a rejeté ton corps sur le sable
Elle a refusé de le déchiqueter de l'abîmer
Elle t'a déposé
pour que les hommes voient
ta fragilité d'enfant
ton petit corps endormi sur la plage
où tant d'enfants ailleurs rient et
construisent des châteaux

Petit d'homme
ce matin ton image fait le tour du monde
Réveiller les puissants endormis
indifférents à ces milliers d'autres
tes frères morts comme toi sous les coups des barbares
tes frères nos frères humains nos enfants
qui voulaient simplement vivre
et rire et aller à l'école et désobéir

Petit d'homme
Petit enfant symbole de l'innocence chaque jour massacrée
tandis que nos dirigeants des hommes pourtant
ferment les yeux mettent des barbelés
contre ceux que l'on nomme migrants
qui ne voudraient qu'être réfugiés
Ils quittent leur terre la mort dans l'âme
espoir chevillé au corps
espoir que leurs frères les hommes....

©fruban

le 3 septembre 2015

Tous droits réservés
Protégé par copyright


En hommage à Aylan Kurdi, l'enfant syrien retrouvé mort noyé sur une plage de Turquie ( Bodrum ).



Décembre sur les ailes du temps

Décembre sur les ailes du temps


Sur le dos des grues cendrées
à travers brumes et flocons voltigeurs
Je sème à la volée des Je t'aime
L'écho des vallées les renvoie vers moi


  / Je pense à toi à ta force de vivre
Je t'aime
A tout ce que tu fais en regardant le monde
Même au bord de ta grande bleue dans cette immensité
je sais que ton regard pénètre /


La lune voleuse de sommeil enfle enfle
Je souris à cette insomnie gris souris
qui me parle de toi là-bas
entre gravité et fous rires


/ Tes mains dans tes poches en te retournant n'y sont pour rien
tu te promènes avec les tourments des gens
Je le sais je te vois
Tu es
incroyablement vraie
Je t'aime /


Ce matin les brouillards recouvrent l'horizon
m'enveloppent et étouffent mon cœur
Le spleen baudelairien envahit l'âme
Tu le sais toi qui me vois

/ Il avait plu à Batz sur Mer
Le bedeau avait dit
ce soir je ne sonne pas les cloches
merde à vous je nettoie mes bigorneaux
Je ris    __   Je t'aime en vrai /


Il neige petit clown
le froid pénètre mon corps gelé
qui se recroqueville   __   puis se tend
Vers toi mon amour
Les flammes crépitent dans la cheminée

Vaste ciel d'automne
étend ton drap de satin
Nuit caresse-les



Ce matin des perles de givre
habillent les arbres noirs et nus
Comme des guirlandes de nacre sur mon cœur
Sur l'herbe verte gisent encore de pauvres feuilles
les dernières flammes de l'automne
Bientôt les couleurs de la vie auront disparu
Je guetterai au fil des jours les bourgeons
les premières pousses vertes les perce-neige de l'espoir
J'aimerais m'endormir moi aussi renaître avec un coeur vierge
reprendre une route de lumière moins sinueuse moins chaotique
Me laisser emporter par les vents...



© fruban
quelques jours en décembre 2017

Colloque de Juin d'hier à demain

Colloque de Juin
                                     d'hier à demain



Des fois je suis seul avec moi-même 
je vis en libre promeneur
je ne fais plus rien avec ce qui m'entoure
une paresse non
une mollesse non
je reste dans ma tête
Pas la force de m'enfuir de rejoindre le monde
tapi en moi j'écoute et je pense



Fenêtre ouverte un grand silence
et quelques chants d'oiseaux de nuit
Et lui dans le Sud  __  quel silence perçoit-il
quels murmures dans sa nuit
Sans moi sans nous
Ce soir juste avant la tombée de la nuit
un seul gros nuage rose dans un ciel encore bleu gris
Magie des reflets du couchant...


Au matin le jardin m'offre de belles senteurs d'herbe mouillée
mêlées à celles des roses du sureau des seringats du chèvrefeuille
Pluies abondantes et tout petit orage hier soir
arrosage salutaire pour la terre assoiffée
Un peu de soleil vite caché  nuages gris menaçants
Et moi je tourne mon regard vers le Sud... Mélancolique absence.


Il est dans la lune non
il est chez lui il regarde transforme l'existence
Il est dans le soleil non  ___   il cherche l'ombre
Il articule des mots en plein air dans le  silence
Il aimerait parfois faire des gestes semblables à ceux des autres
non ses bras frôlent ses hanches
Il aimerait attendre encore un peu atteindre l'heure suivante
Il ne sait pas quand elle tombera...
il sait seulement qu'à ce moment là il s'écartera
Eviter le rebondissement du temps


Légère accalmie des éléments
le merle a repris son chant les hirondelles leur chorégraphie en folie
Elle a faim ça la fait sourire... ces mots qu'il lui dit si souvent
Ces mots qui lui manquent
Mots simples de tendresse protectrice mots de malice 
qui n'appartiennent qu'à lui
Elle aimerait s'endormir jusqu'à son retour
Belle au bois dormant s'éveillant
au souffle caressant de ses baisers



J'équipe des équipages j'enselle mes chevaux
mes doigts rejettent ma tignasse en arrière
Je passerai dans la nuit.... j'ai envie de te voir
C'est en marchant à l'ombre dans le raidillon tout à l'heure
que j'ai pensé à toi... si fort
Je te regarde
Nous nous regardons
Nos lèvres bougent
Tes yeux
Ta voix


Samedi bien noir et agité
par intermittence le soleil revient
De nouveau ça gazouille au jardin
Alors elle aussi elle gazouille
Mélancolique et amoureuse mélodie
Comme celui du rossignol son chant s'envole et se perd ... vers là-bas
Il se pourrait qu'au détour d'un sentier serpentant les garrigues
quelques notes chatouillent son oreille éveillée.

Le 14 juin 2017

© à quatre mains, Toi et Moi

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Ciels de juin avant le Solstice

                                                         Ciels de Juin
                                                                                 avant le Solstice




D'abord bleu encre le ciel
s'illumine de voiles rose saumon
s'empourpre avant d'ouvrir les portes de la Nuit
Les derniers oiseaux se sont tu
Au loin meugle une vache
Brusquement le noir s'est installé
Le Silence aussi
L'air frais entre par la fenêtre ouverte
Les silhouettes fantomatiquement noires des arbres
rendent le ciel plus clair
Le Silence de la Nuit


Quelques heures avant le flamboiement du ciel
Un peu de vent dans les ramures
J'écoute le merle les tourterelles les hirondelles
celles-ci plutôt espiègles batifolent   ___ sarabande joyeuse
Passereaux mésanges déjà regagnent leur nid
simple trou dans la muraille enfouissement dans le lierre
Bientôt tout ce petit monde de l'été fleurissant
se taira   ___   le Silence jusqu'à demain
Toujours meugle une vache
dans le jour dans la nuit elle pleure elle appelle


Ce soir tout au loin un chien aboie
Légère la brise caresse mes bras nus
et soulève mes cheveux
Le Silence alentour
Derrière mes paupières closes ton visage sourit
Respirer les étoiles qui clignotent
M'ouvrir au ciel si vaste qu'il m'emporte
   ___    dans l'infini de la Nuit
Le sommeil se fait lourd tellement lourd


Je regarde le ciel à l'approche du Solstice...


© fruban

le 19 juin 2017

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Ces mots-souffle

                                                          Ces mots-souffle



Ces mots
seules caresses quand l'absence se fait lourde
frémissent sur la peau font battre le cœur
Ce cœur qui parfois s'essouffle
au rythme endiablé de l'attente de la peur qu'elle génère
Cette peur du Temps qui s'écoule si vite
qu'il nous noie dans ses flots galopants
Ces mots
nés de tes lèvres et de ta plume
Signes que tu existes que mon ombre t'effleure
Ces mots
qui parfois pleurent
lorsque les larmes restent sèches


Ces mots
qui éclaboussent ta joie
fracassent le silence assourdissant
La vitre vole en éclats
Tu es là et tu ris tu ris aux imbéciles
Ce rire qui résonne en échos de plaines en vallons
Immense soleil sous la pluie de tristesse
Ô ris ris encore
Rompre le sortilège de la Camarde qui chemine
sournoise et triomphante
Nos corps narguent son sourire de hyène fuient lui échappent
Ces corps qui crient
en quête du murmure des caresses
Ces mots ces appels incessants nous tiennent debout
nous offrent quiétude et repos


Ces mots-ici et maintenant
Ces mots-cris
Ces mots-larmes
Ces mots-frères
Ces mots-complices
Ces mots-douceur

Ces mots   ____   souffle des Je t'aime


© fruban

le 15 juillet 2017

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Autant en emporte le temps


« Ah tout devait arriver comme ça !
Voir les espoirs et les roses s’effeuiller,
voir les barques des années s’échapper,
s’échapper et s’éteindre ».(1)
Kostas Karyotakis



Autant en emporte le temps




Après la surprise l'étonnement
vinrent désir caresses complicité
quelques violents orages
c'était l'été dans nos cœurs
Eté de poésie de découvertes
Et puis il y eut ce livre
il y a toujours ce livre

Ce livre tel un fil qui relie

Au fil des jours des semaines des mois
des années maintenant
désir caresses s'effilochent
même la complicité perd ses couleurs
Hiver des émotions des sentiments
Toujours la même quête
pour un livre pour des écrits

Ce livre tel un fil qui sépare

Aimer s'apprivoise comme un animal sauvage
c'est du moins ce que j'ai cru
mais complicité désir caresses
sous les ciels gris se sont perdus
Y aura-t-il un nouveau printemps
Le printemps des poètes
Notre printemps

Toi et moi
tant d'oubli
tant de solitude
choisie toujours choisie
Allons-nous lâcher le fil
le fil qui relie le fil qui unit.....

Autant en emporte le temps



© fruban, le 10 février 2018



(1)in, Telles des guitares désaccordées
Maria Polydouri et Kostas Karotakis
éditions Bruno Doucey

Au milieu de l'hiver

Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible
Albert Camus


Au milieu de l'hiver



Est-ce le ciel trop gris
le vent qui me rend folle
Est-ce cette date anniversaire
plus cruelle cette année encore
Est-ce le fil de la Vie de l'Amour
qui se perd dans les brumes
Est-ce lassitude de lutter
lassitude de sourire
Est-ce soif inassouvie ?


L'errance coupe mes ailes


Est-ce l'aube qui fleurit au petit matin
qui te murmure  __   Vis
Est-ce le frémissement des bourgeons
qui délivre la sève dans tes veines ?


Ami, la Nature ne m'aide guère
en ces temps d'hiver
Ce souffle revenu ce rire qui éclate
je les ai retrouvés en caressant les pages
de ce petit livre rouge coquelicot
Il portait ton odeur ta passion


Une pluie fine vient de la côte d'Opale par les plaines de Picardie


Est-ce que la mort annoncée de janvier
t'ouvre maintenant les sentiers vers demain
Est-ce que tes yeux aveugles
peuvent admirer en ton jardin ces nappes de fleurs ?


Demande aux vents du Sud demande aux grues cendrées


© fruban
26 janvier 2018